La peau du corps

retrouver le goût pour la mer

Gabrielle Duplantier

Je suis dans l’eau dans le ciel c’est très beau, ces bleus qui m’entourent, se confondent, me font perdre voix, mon oralité disparue depuis toi, j’écris là, je le peux, te prolonger.

Ma peau mes bras déménagés jusqu’à toi, glissés dans tes bagages pendant que je t’accompagnais sur le quai de gare, j’ai pensé, te laisser des bouts de moi pour rester encore, je ne savais pas bien quelle partie du corps te donner, une boucle de cheveux, un morceau de voix, un de mes globules bleus, se déplacer hors de soi.

Je navigue sur ta peau d’eau, sur les crêtes des vagues, je flotte tout en haut tout en eau mes coutours perdent leurs formes c’est un sentiment assez vague, tout nouveau

c’est dangereux l’amour, les voitures peuvent me percuter, autour de moi tout est flou, je ne vois plus que

toi

Je me demande si je vais y arriver, terminer une phrase sans que toi en soit la clé, j’écris et tout m’amène à tu à toi des lettres d’or dorées et je continue d’écrire, je ne peux m’arrêter, je me dis qu’ ici, je retourne dans tes bras.

Les passages cloutés me protègent, se déplacent, marchent sous mes pas, ils se disent protégeons-là, elle est en amour, elle est dedans, elle est là-bas, ils se demandent quand est-ce qu’elle reviendra, revenir d’où, je n’ai toujours été qu’ici, ici les mots c’est de l’amour donné, il faut le répéter, l’amour ce sont des mots donnés, il faut le répéter

Je suis dans tes mains, dans ton pouls, je ne parle plus

Respirer

Pull jaune colza un soleil de terre sous la bruine de Paris

Raz-de-marée d’amour, je retrouve le goût pour la mer

Je suis l’

Je ne sais plus ce que je voulais dire

Je pensais à elle

Je veux dire

à toi

Je rature, j’allais dire,

Je ne sais plus

Je suis encore avec elle

avec toi,

si je dis elle tu t’éloignes et je ne le veux pas

Je suis là, au bar Charivari, dans le fond des bruits, en plein tumulte, la bière se réchauffe, j’ai vécu.

Je me répétais, j’ai peur, je me répétais, j’ai peur, j’ai peur, j’ai peur, j’ai détourné les yeux, j’avais envie de, je n’ai pas osé, je t’ai souri, je retiens la chaleur

Je suis insituable.

Même l’amour ne me suit pas, je suis insituable, je suis amoureuse, ça déborde de partout.

Qu’est-ce qui me situe ?

C’est la joie chaude l’ivresse de la douceur le jaune de ton pull les silences qui se partagent le rouge sur les lèvres les frites dans le ketchup le bleu au bord des yeux la goutte d’eau sur la valise et les mots qui s’écoulent, retenus par le parapluie

c’est moi tout contre toi

les mouvements qui fluctuent et entrent dans le coeur avant que la beauté ne s’enfuie.

Je suis amoureuse et ça déborde

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